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RECIT DE LA DIAGONALE DES FOUS 2018

 

Le Grand Raid, j’en ai rêvé alors je l’ai fait :). 165 km, 9 576 mètres de dénivelé positif et une grande première pour le pirate. Après une préparation sérieuse d’une année, et oui j’ai fait mon premier trail en Août 2017, me voici enfin sur l’Ile de La Réunion pour participer à l’une des courses de trail les plus difficile au monde, rien que ça!

 

Je suis super heureux d’être la. Comme à mon habitude, la pression je la laisse aux autres, c’est mon esprit de partage 🙂 . Je me concentre sur la préparation des mes affaires pour m’adapter au mieux aux différentes conditions envisagées. Mais je sais que de toutes façons que rien de ne passera comme prévu. Bref j’anticipe calmement un long et beau voyage du Sud au Nord de l’île intense.

 

Le départ:

Il approche, il est 22h, c’est parti, il y a un monde de dingue, 2750 participants et une ferveur incroyable de la population de Saint-Pierre. Tout le long une foule dense est présente, instants de fête, de danse, on se tape les mains en passant, feu d’artifice, un vrai régal d’images, de sourires. Le long peloton qui s’étire dans une colonne de frontales allumées, une vrai descente aux flambeaux version XXL, génial et sans neige.

 

Et enfin, après 4km de légère montée on rentre dans le vif du sujet ça monte sévère, raide et de grosses marches, de la poussière et une nuit étoilée magnifique, un bon départ en somme, je doit être dans les 700 premiers. Pas de bouchon, de légers ralentissements, la file indienne s’étire dans la nuit, objectif Cilaos en passant par Notre Dame de la Paix, Nez de bœuf, Mare à boue, et 66,2 km parcouru en 11h28 et 3256 m D+. C’est juste dingue je suis 411 ème. Les paysages traversés sont époustouflants, sauvages, abrupts et techniques, on ne m’avait pas menti, du costaud à l’état pur, aucune étape facile, ça monte et ça descend avec violence.

 

A Cilaos:

Bientôt le vide

Je file à l’infirmerie, j’ai chopé froid dans l’avion et un violent mal de tête avec fièvre et encombrement nasal me dérange depuis une bonne trentaine de kilomètres. Je sus comme un bœuf mais paradoxalement ça va plutôt bien physiquement et mentalement, ça roule, enfin façon de parler, ça randonne :). Je me projette sur Sans soucis autre gros point de ravitaillement avec sac de rechange comme à Cilaos.

Quel bonheur de changer chaussette, chaussures, un petite douche glacée et ça repart. Un peu de confort…

 

 

Vers Sans-Soucis:

C’est dur dur

Mais avant d’atteindre Sans-Soucis, kilomètre 130, il faut passer par le Taïbit (et là il y a un soucis :)) en plein soleil, alors là tu apprends l’humilité, chaque pas est un effort intense, chaque marche te rappelle qu’il faudra être patient et qu’il n’y a pas d’ascenseur vers le sommet, tu feras comme tout le monde tu prendras les escaliers :).

 

Et encore cette satanée fièvre, je dégouline, je lutte, je ne vais pas me laisser embrouiller par une crève, oh non! La vue est saisissante sur les cascades qui alimentent la vallée, j’en prend plein les yeux, vitreux de fièvre. Ça tombe bien j’adore délecter mes pupilles d’images fortes, belles, uniques, comme un privilège et quelque part une forme de récompense.

 

Bonjour Marla, il est 14h30, Vendredi 27, direction le Sentier Scout et l’îlet à bourse, il est 18h50, la nuit est tombée, c’est parti pour une deuxième nuit sous les étoiles. Les runs seuls sont plus fréquents, j’aime aussi être seul au milieu de cette nature puissante et silencieuse, je me charge de sa force et de sa sollicitude.

 

Le Maïdo:

La fraîcheur du haut du Maïdo

J’approche du Maïdo, mais il faut d’abord atteindre Roche Plate, interminable montée, un mur, sans fin, épuisant, je me déplace lentement, je ne suis visiblement pas le seul, la montée est pleine de mecs qui sont assis, couchés, bref il y a de la casse. Je m’accroche, j’ai très chaud, satanée fièvre, je ferais un grosse pause infirmerie et médicament au Maïdo by night. Quel roc ce Maïdo, limite escalade, je vois des frontales au loin qui me laisse imaginer que la route jusqu’au sommet est encore longue et visiblement sinueuse.

 

Je n’ai plus d’information sur les distances parcourues, ma montre n’ayant plus de batterie, et oui j’ai merdé la dessus. On apprend de nos erreurs, en voilà une parmi d’autres. Alors je m’adapte, sans paniquer, rien de grave, il me reste l’heure de mon téléphone, je progresse à la sensation, je m’écoute. Quand je suis bien, je ralentis, je ne m’emporte pas et quand je suis pas très bien, je serre les dents, je m’accroche, j’ai de fortes pensées pour ceux qui le méritent, et j’en connais un wagon. Seul on ne fait rien et je sais que je ne suis jamais seul, c’est une vue de l’esprit, j’ai un paquet de monde dans mon sac à dos comme à chaque fois, l’aventure ne vaut que si elle se partage.

 

Je suis plutôt régulier et je prend tous les kilomètres faciles (mètres à vrai dire tellement le terrain est escarpé), un peu roulant, je trottine. Merci Stéphane Brogniart :). Enfin le Maïdo dans la bruine, la brume et la nuit, au sommet, feu, guitare et comité d’accueil joyeux, sourires, go vers le ravito pour se refaire une santé et descendre ensuite sur Sans-Soucis.

 

Sans-Soucis:

J’atteins Sans-Soucis à 06h35min du matin, samedi 28, je jour se lève dans la descente, superbe, j’éteins la frontale, c’est fini pour elle, je le sais, je ne ferais pas une troisième nuit, et toc! Après une descente de 13km éprouvante mais plus roulante sur la fin, je vais pouvoir me changer, me nettoyer et me faire un petit repas léger avant d’attaquer les 35 derniers km. Quelques gouttes d’eau m’accompagne, plutôt agréable, j’arrive au dernier gros ravitaillement sous une pluie battante et un soleil déjà chauffant.

 

Je prend mon temps, douche, podologue, quelques ampoules sont présentes avec leur copine de douleur. C’est la première fois que je fais 132km d’un coup et tiens, encore un truc nouveau. Je suis en pleine forme physique même si je respire difficilement à cause du rhume. Je m’en accommode, je sais à présent qu’il me reste 4 étapes avant La Redoute et 35 km à parcourir. Pas d’affolement, l’écurie se rapproche mais il reste encore Chemin Ratinaud, La Possession, Grande Chaloupe et le Colorado avant la descente sur Saint Denis, bref du sérieux.

 

La Possession:

Le chemin des Anglais: No comment

Sur le chemin des anglais, la chaleur est étouffante, le mal de tête et la fièvre sont à leur comble, je serre les dents, les jambes sont fébriles et puis je demande à un gars qui revient sur moi si il n’a pas un doliprane et magie du pirate, il me donne un ibuprofen. Les maux de têtes disparaissent au bout d’une grosse demi-heure et j’arrive à la Possession frais comme un gardon de 49 ans :).

 

Je m’hydrate, recharge en eau et un petit Energy Diet saveur des îles, mon préféré, pour finir, le 11 ème et dernier délice nutritionnel de cette aventure hors norme. Merci pour les conseils nutrition Marie-Pierre .

 

Le Colorado:

J’attaque la montée du Colorado en 500ème position mais je suis bien, concentré et déterminé à finir. Cela tombe bien j’avais pas envisagé autre chose :). Le sourire des grand jour est là, je rigole, on discute avec les participants, j’en rattrape beaucoup, je me rappelle toujours le conseil de mon fils Valentin: « Gardes des forces pour sprinter et allez à fond à l’arrivée ».

 

J’ai des forces, je n’ai plus mal à la tête. Il me reste 10km, une paille, et j’aurais réussi mon pari un peu fou de faire le Grand Raid en une année de préparation. Je me régale, je profite de tous les instants et me délecte de la beauté de l’environnement traversé, merci dame nature, tu es toujours aussi généreuse.

 

Le Stade de La Redoute:

Yeahhhhhhh

J’aperçois le dernier ravito, il reste 4,5 km de descente.  Je vais bientôt voir la ville, la civilisation, ce fameux stade de La redoute. Je reste très concentré la déclivité est copieuse, caillouteuse et dangereuse, racine en sus. Et oui jusqu’au bout tu garderas raison pirate. Comme j’aime à dire, il est parfois urgent d’attendre ou l’art de ne pas confondre vitesse et précipitation.

 

Après 40 minutes de pas rapides, légers et précis, c’est le plat qui se dessine. Je me dirige à vive allure vers le stade, il y a du monde un peu partout, de la musique, des visages heureux pour moi, j’ y suis, je rentre dans le stade. Il me reste 300 m, j’aperçois mon pote Nassir, nos regards se croisent, trop bon (ça me rappelle tant de choses).

 

Je passe la ligne en 464 ème position les bras levés, heureux, joyeux, je l’ai fait, grâce à vous, votre soutien sans faille, votre confiance et tous ces moments ensemble qui nous rendent aussi fort que le Roquefort.

 

C’est une sensation très agréable, presque de sérénité après 43h 39min et 46secondes d’efforts, de partage, d’aventure, j’adore.

 

Et une dodo pression, une ! Ici commence l’aventure…

 

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