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VAR VERDON CANYON CHALLENGE 2019: récit inside.

4h du mat j’ai des frissons, Jean, l’organisateur, finit le briefing et Kamel monte le son 10, 9….3, 2, 1 c’est parti pour 60km et 4000mD+ dans le plus grand Canyon d’Europe.

 

Et oui, le Var Verdon Canyon Challenge, version Entre deux rives, c’est la plus vieille course de Trail de France (27ème édition) dans un lieu unique, magique et technique, les gorges du Verdon. Les amoureux de la nature vont être servis et en mode triple XL, rien que ça!

 

Il fait doux, j’en profite car après la chaleur va venir s’inviter insidieusement. Ca déroule quelques minutes en descente vers le lac pour aborder la première montée qui mène au col d’Iloire. Ca grimpe sévère mais il fait une température idéale, merci pour le départ à 4h, j’ai de bonnes sensations alors je pousse doucement mais surement, la nuit j’adore, la nature est paisible et puis je sais que je vais avoir l’immense bonheur d’assister à son réveil. Mais voilà le premier ravito, un verre d’eau, et hop le sentier Vaumal à flanc de gorges, la nuit se fait plus claire, on commence à distinguer le canyon au loin, plus je descends et moins le besoin de la lampe se fait sentir. Il doit être aux alentours de 5h30, je vois les premiers effets des rayons, c’est juste magnifique. Paysage impressionnant, sentier technique et les participants se font de moins en moins visibles, le peloton s’étire irrémédiablement sous les coups de boutoirs des singles serrés, glissants et parfois vertigineux. La nature est omniprésente et j’ai la sensation forte d’être un heureux invité. Je galope plutôt bien, j’avale le ravito 2 avec une petite pause recharge d’eau, les bénévoles sont supers sympas et les ravitos bien achalandés, ambiance garantie. La descente se poursuit moins technique mais plus en forêt pour atteindre le ravito des cavaliers et sa fameuse descente direction le lie du Verdon, ça plonge version raide avec main courante de temps en temps, c’est incroyablement beau après quelques bonnes minutes intenses, je suis le cours du Verdon pour le traverser sur un pont suspendu assez magique. Ok ça bouge un peu, c’est haut mais quelle vue sur ce bleu vert intense de l’eau. Verdon je te passe pour une première fois après une vingtaine de kilomètre déjà avalé.

 

Au dernier ravito on m’a informé que j’étais en 35ème position, j’ai du mal à y croire d’ailleurs je suis persuadé qu’ils ont confondu ce qui me fait sourire intérieurement. Alors là c’est superbe, flanc de falaises interminables, hauteur, grandeur, majestueuses gorges, escaliers quasi verticaux qui me plonge entre deux parois directement au niveau de l’eau, somptueux, raide et sensations réelles et garanties. Et malgré le grand soleil, je rallume ma frontale car se profile le Tunnel du sentier Blanc Martel, environ 800 m en deux parties au travers de la roche, il fait frais, c’est une sensation sympa, c’est humide, je distingue au loin la lumière, le bout du tunnel qui annonce l’arrivée du ravito 4 et les choses sérieuses qui ne vont pas tarder à commencer. Ah bon ça n’était pas le cas avant ?

 

C’est la moitié du parcours pont du Tusset, prochain ravito dans 10 km et surtout je repasse le Verdon sur le magnifique pont Artuby en pierre de taille, totalement intégré dans le décor naturel, splendide, c’est beau tout simplement.

 

Bon ben maintenant que je suis descendu au fond des gorges, il va falloir remonter Pierre. Je ne crois pas si bien dire, je sors les bâtons car là, ça monte copieusement de chez copieusement… La chaleur est présente même si la progression se fait en sous-bois, je sens que le soleil n’est pas loin et n’attend que la fin des arbres pour me saluer en version coup de pied circulaire derrière la nuque. Je m’accroche, je pousse, je tire, je suis en mode grimpette lente mais régulière, je ne suis pas seul, j’ai un compagnon avec moi depuis le départ, Jérôme, et nous avons était rejoint par Sabrina, les veinards… Il semblerait que d’un commun accord entre nous-mêmes nous sommes heureux de progresser ensemble. On partage nos efforts, on se tracte, se réconforte bref on semble plus fort, plus souriant et pourtant on en chie grave. Des kilomètres de faux plat en plein soleil avec un terrain miné de cailloux, de hautes herbes et lignes droites ponctuées de raidillons bien casse-pattes. On s’accroche, on est nettement plus fort à trois et chacun se raccroche à l’autre qui s’accroche à l’autre bref on progresse ensemble comme encordés. Mais voici venir le dernier ravito, on prend notre temps, on s’alimente, on s’hydrate, on recharge en eau car après il reste 10km dont 5km de montée? La fameuse du grand Margès avec ses 1000 m de D+ pour finir et quelle fin, de coup de cul en coup de cul, ça grimpe fort, marches hautes, rochers, sentiers étroits et techniques, en plein cagnard, chaque pas se ressent après 55 km d’efforts intenses, cette dernière montée te rappelle que si tu as abusé avant tu vas déguster maintenant, humilité garantie.

 

C’est difficile, les regards sont concentrés sur chaque pas, chaque caillou, on se traine vers le sommet et après avoir donné tout ce qu’il nous restait, la récompense nous attend en haut, une vue imprenable sur le Lac de sainte Croix d’un côté et à flanc de falaises sur les gorges du Verdon de l’autre, sur la crête une vue juste majestueuse qui nous fait oublier la montée dantesque que l’on vient d’avaler, si si si comme un lointain souvenir.

 

Plus que 4 km, ça commence à sentir l’écurie, tu parles, une descente raide, technique, piégeuse, interminable, jusqu’au bout ce Var Verdon Canyon Challenge, jusqu’au bout de l’exigence. Je reste concentré, les jambes chauffent, surchauffent, ça dérape de manière plus ou moins contrôlée, garder la tête lucide, ne pas s’emballer au risque de s’étaler façon saut de l’ange avec réception sur cailloux acérés. Et enfin, le village, Aiguines, la dernière boucle autour du stade, on voit l’arrivée tous les 3, sans se regarder, on se prend la main, Sabrina entre Jérôme et moi et on passe la ligne ensemble avec un immense sourire aux lèvres. 9h31’46’’tous les trois dans le même temps génial et 27, 28 et 29ème au général. Un beau moment de partage, d’aventure, de valeurs et de symbiose avec cette nature si belle, si forte, si exigeante et pourtant si simple.

 

Merci à mes deux comparses et promis l’année prochaine on reviendra juste pour te revoir sous tous les angles, Le plus grand Canyon d’Europe.

 

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